Mélenchon tente d’étouffer le PS en s’alliant… avec les écolos!
Mélenchon, on l’ignorait, est un catcheur. Hier soir, sur France Inter, alors que Daniel Cohn-Bendit était l’invité des « Questions du mercredi », le patron du Parti de gauche, également dans les studios, a tenté une prise inattendue et pour le moins déconcertante. Une prise que l’on pourrait baptiser le « coup de la tenaille » ou le « passage à l’étouffoir ». De qui ? Du PS, pardi !
L’ancien sénateur socialiste a proposé à l’animateur d’Europe écologie rien de moins que de prendre à revers le Parti socialiste : « Je ne suis pas venu là simplement pour enfiler des perles. J’ai quelque chose à proposer [à Daniel Cohn-Bendit], là, maintenant, sur ce plateau. Lui et moi et les Verts, nous le Parti de gauche et le Front de gauche, on a un souci. On n’est pas là pour faire du témoignage dans l’histoire. (…) Comment peut-on faire pour réussir notre opération qui est que nous voulons un vrai changement à l’occasion de ces régionales. Au premier tour, il faut qu’on soit autonome. Vous avez décidé d’être autonome. Nous avons décidé d’être autonome par rapport au Parti socialiste et par rapport à la droite — ça va de soi — et par rapport au MoDem car il n’y aura pas d’alliance ou que ce soit, ni vous, ni nous, au premier tour. Nous, on se sera compté, le Front de gauche, au premier tour. On arrive au deuxième tour. Et là, tout se joue. Nous pouvons, si nous voulons, avoir un accord préalable au deuxième tour. C’est-à-dire que nous, le Front de gauche, et vous, les Verts, nous pouvons nous entendre et à ce moment-là nous sommes la majorité à gauche. Moi je suis prêt à le faire quel que soit celui de nous deux qui est devant l’autre. Si c’est vous, c’est vous. Si c’est nous, c’est nous. Peut-être que ça sera souvent vous, on verra. En attendant, si l’on est ensemble, on est partout majoritaire, on est partout devant, en tête de la gauche. Il y a une condition : pas de MoDem. »
Mais la condition posée par Méluche ne passe pas : « Pourquoi je ne suis pas pour l’exclusion du MoDem ?, réplique Cohn-Bendit, Parce que c’est une lubie. Moi, je ne sais pas où est le MoDem aujourd’hui. » Et finalement de trancher: « Je ne ferai pas d’accord préalable sur le dos d’un tiers. » Le patron du Parti de gauche a du mal à encaisser d’être renvoyé dans les cordes : « Alors, c’est du témoignage ! Je ne vois pas la différence entre toi et Besancenot ! » Et de conclure à son tour : « Si [Daniel Cohn-Bendit] ne veut pas [de cet accord], si les Verts n’en veulent pas, il n’y a qu’à donner les clés au Parti socialiste ou à la droite et nous, on fait de la figuration. »
Cette tentative d’accord entre le Front de gauche et l’alliance des écologistes mérite d’être décryptée. En clair, il faut revoir au ralenti les images de la prise qu’a essayée d’exécuter Jean-Luc Mélenchon :
- 1°/ Le dirigeant du PG a beau affiché depuis quelque temps sa conversion à l’écologie, sa proposition ne s’est faite strictement à aucun moment sur la base des idées et fleure bon la stratégie électoraliste à papa. Une manière de faire en total désaccord avec ce qui avait prétendument guidé son choix de quitter le PS. De quoi déstabiliser les formations qui lui sont alliées et ses sympathisants. De quoi, aussi, offrir une arme redoutable à ses frères-ennemis : le PS et le NPA sauront lui rappeler, le moment venu, cette tentative de rapprochement avec Cohn-Bendit…
- 2°/ Jean-Luc Mélenchon fixe comme condition de ce rapprochement Front de gauche – Europe écologie qu’il n’y ait pas d’alliance avec le MoDem. Mais le dirigeant du PG a-t-il lu quelque part que la mode automne-hiver était aux œillères ? N’a-t-il pas remarquer que nombre de militants et de dirigeants centristes trouvent refuge du côté d’Europe écologie ? Ou peut-être feint-il tout simplement de ne pas voir que la frontière entre MoDem et Europe-éco est aussi fine que du papier à cigarette ?