SOCIAL : Eurostamp : le Pays-Haut solidaire de salariés «apeurés»

 

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Près de 500 personnes, salariés, chômeurs, élus communistes ou socialistes du Pays-Haut, ont pris part hier matin à la manifestation devant l’usine Eurostamp de Villers-la-Montagne. La première réunion de négociations sur les 107 licenciements annoncés par la direction s’est tenue dans l’après-midi.

Mercredi, 21 h. C’est le début de la manifestation à l’usine Eurostamp de la zone industrielle de Villers-la-Montagne, spécialisée dans les pièces embouties pour l’automobile. Sur les 500 salariés, 107 sont menacés par le plan de licenciements annoncé par les dirigeants du groupe, Magnetto automotive, et joliment renommé «plan de sauvegarde de l’emploi». Tous les syndicats ont décidé de réagir. «On a lancé ce préavis de grève de 24 h pour que tous les employés puissent y participer. Dans la nuit de mercredi à jeudi, il n’y a eu aucun travailleur, aujourd’hui (hier matin N.D.L.R.), un seul peut-être. Les cadres jouent aux cartes à l’intérieur », explique Christophe Rennesson, délégué CFDT et membre du comité d’entreprise.
Hier, 5 h du matin. Les premiers salariés grévistes arrivent devant l’usine. Des affiches sur lesquelles on lit «Mon petit paradis ne connaît pas la crise» avec Nicolas Sarkozy en habits de roi ou «Les petits et les gros profiteurs de la crise», la Une du supplément estival du Canard enchaîné, sont accrochées aux grillages. Les disques de Manu Chao, Bernard Lavilliers ou de chants populaires italiens comme Bella ciao sont testés. Tout est prêt.
9 h. Près de 500 personnes bloquent la route départementale 26. Un automobiliste peste contre le détour de quelques kilomètres qu’il devra effectuer jusqu’à Hussigny-Godbrange. Jean lui répond : «Toi, tu travailles, nous on nous vole notre boulot.» Avant de nuancer : «Ils ne sont pas tous comme ça, la plupart nous comprennent et nous soutiennent.»
9 h 40. Troisième grosse averse. Personne ne bouge, les Eurostamp se serrent les uns contre les autres pour avoir chaud. Ils partagent un bout de parapluie. «Tout le monde stresse, car on ne sait pas qui sera sur les listes de licenciement. On a peur. Le boulot qu’on faisait à trois, on devra le faire à deux plus tard. Ceux qui vont partir vont souffrir, et ceux qui vont rester aussi », s’inquiète Mohamed. Une grosse voiture passe : «Il y a de l’argent en France, mais pas dans les poches des ouvriers. Par exemple, on a appris que le groupe auquel appartient Magnetto, CLN, brassait des milliards de chiffre d’affaires par an dans le monde. Ici, les patrons ont fait des investissements, parlaient même d’agrandir il y a quelque temps, et des cadres ont été embauchés à des postes qui n’existaient plus… Ce sont toujours les mêmes qui paient. Et la crise à bon dos. Tous en profitent.»
10 h. Les élus communistes de nombreuses villes du Pays-Haut, le député socialiste Christian Eckert, les membres du Nouveau parti anticapitaliste ou du Comité luxembourgeois anticapitaliste sont arrivés. En soutien aux salariés. Et «contre un système injuste qui produit à longueur de journée du licenciement », souligne Alain Casoni, maire de Villerupt. Le cortège part pour cette matinée appelée «zone industrielle morte». «On est écartelés entre deux pôles. On se met à la place des futurs chômeurs, qui ont pour beaucoup une famille, des dettes. C’est dramatique. Trouver du boulot aujourd’hui, à moins d’aller en Europe de l’Est, c’est dur. Et on est inquiets pour Eurostamp. Cent employés maintenant, et quoi demain ? Je ne sais pas ce qu’il faudrait faire. Souvent, quand on est dans la m…, on y est seul », commente François Boudot, le maire de Villers-la-Montagne.
12 h. Le cortège revient à son point de départ, devant l’usine. Tout le monde attend la réunion de 14 h avec impatience : «Les hostilités vont commencer, conclut Christophe Rennesson, car ça va déclencher le plan social. »

Textes : Sébastien Bonetti. pour le Républicain Lorrain

Publié le 04/09/2009